segunda-feira, 27 de maio de 2013

Pensar Nove Décadas de Amizade (nº 73): Robert Bréchon*




Robert Bréchon


Eduardo Lourenço évoque, dans un page de son livre, Fernando Pessoa surgissant en 1912 dans la vie littéraire portugaise comme un ange exterminateur venu saccager l’édifice de la culture nationale. Le premier mérite de cette étude, c’est de redonner à l’image de Pessoa, déjà affadie, son pouvoir de subversion. Son originalité, c’est d’unir à une méthode rigoureuse, qui intègre les acquisitions les plus récentes de la critique, une sympathie pour l’objet de son étude, une attention passionnée, presque une foi, qui fait de l'auteur plus qu’un simples exégète: un disciple de “Mestre Caeiro”.


(…) Dans la dialectique de l’amour et de la terreur qui, selon Lourenço, commande toute la littérature occidentale, Pessoa incarne le moment tragique de la contamination de l’amour par la terreur. «O seu canto é o do Terror instalado no centro do Amor…». Jamais, me semble-t-il, on n’a davantage approché le mystère de cette œuvre dévastratice.

E. Lourenço tente d’aller plus loin encore dans son exploration, en analysant ce qu’on pourrait appeler le complexe d’Erostrate de Pessoa. La tragédie de la création impossible prolonge et renouvelle celle de l’existence absente. Tout Pessoa aboutit à la Tabacaria oú le pâle sourire de Campos brille tout au fond du désespoir. Mais ce n’est pas, on le sait, sur cette note funèbre que le poète a pris congé de la vie. Il est significatif, après tout, que la seule œuvre publiée par ce nihiliste s’intitule Message. La seule solution relativement heureuse, il l’a trouvée dans la poèsie occultiste, «porte ouverte» sur l’énigme de l’univers et du destin.


*Robert Bréchon (1920-2012). Professor, Escritor, Biógrafo de Fernando Pessoa.
O texto que aqui se reproduz é um excerto de uma recensão crítica ao livro Pessoa Revisitado de Eduardo Lourenço que foi inicialmente publicada em Colóquio-Letras, nº 22, Novembro de 1974, pp. 93-94.